• Le Juge et l’Opus Dei

    Le Juge et l’Opus Dei

    Article publié dans UBU-PAN le 15 09 2011

    En septembre s’ouvrait un procès exceptionnel à Gand : 80 victimes d’abus sexuels dans des institutions de l’Eglise déposaient plainte contre les chefs de l’Eglise belge et contre le Vatican. Deux jours plus tôt des victimes ont déposé plainte au TPI contre le Pape. Au même moment, le juge Wim De Troy qui instruit le dossier « Calice » et qui a déjà été l’objet de deux demandes de dessaisissements et fait l’objet de tentatives de déstabilisations jusque dans la presse menace de démissionner (démission qui sera refusée par De Clerck).

    Les affaires de pédophilie touchant les milieux ou des personnes proches des institutions religieuses ne datent pas d’hier.

    Tout au long des années 90, une série d’affaires scandaleuses liées à l’Eglise ou mettant en évidence l’existence supposée de réseaux ont éclatées au grand jour : Affaire du Collège Saint-Pierre, Crèche Clovis, Témoins X, Affaire Derochette (Loubna Benaïssa), viol d’une gamine (Cindy) de 14 ans dans un bordel bruxellois par un avocat véreux ultra catho (condamné depuis, pour proxénétisme)… A Bruxelles, toutes ces affaires étaient confiées à un Juge d’Instruction « spécialisé » : Le Juge Damien Vandermeersch. A l’époque, le Père UBU, sous la plume de son fondateur, Rudy Bogaerts dénonçait des manquements et des disfonctionnements dans ces enquêtes, ce qui valut à « UBU » et à Rudy une série de procès et quelques numéros saisis. Toutes ces affaires pédophiles débouchèrent sur des classements sans suite, des acquittements, des non-lieux ou des déclarations d’irresponsabilité pénales de l’auteur (exemple : affaire Derochette).

    Souvenez-vous, en pleine affaire « Collège Saint-Pierre », le 31 octobre 1998, Damien Vandermeersch fit une sortie inexpliquée dans le Soir, sous la plume de Frédéric Delepierre et nie formellement appartenir à l’Opus Dei. Dans cette interview, le Juge déclare que des rumeurs circulent à ce sujet dans le but de le déstabiliser. Il explique qu’il a décidé de soutenir un programme de développement au Pérou  au travers d’une ONG en laquelle il a « placé sa confiance ». Il précise encore : « Selon mes détracteurs, cette ONG aurait des accointances avec l’Opus Dei. Je n’en sais rien et ne veux pas le savoir, car ce qui compte pour moi est de perpétuer mon geste d’aide ».

    L’ONG dont Vandermeersch fait référence, était une ASBL intitulée « Via Maria ». Elle fait partie des nombreuses ASBL recensées qui financent de manière occulte l’Opus Dei ! L’Opus se finance au travers d’ASBL ayant des projets en Belgique ou à l’Etranger. Les membres de l‘Opus doivent reverser une partie de leurs revenus à l’Opus au travers de ces ASBL…

    Je me suis procuré auprès de l’administration des contributions directes un dossier reprenant la liste des ASBL de l’Opus et des donateurs ainsi que les montants versés de 1986 à 1995. J’y ai retrouvé le nom de Damien Vandermeersch en tant que « gros donateur » sur les listings de « Via Maria ». Je me suis rendu à l’adresse de l’ONG en question et j’y ai rencontré Madame Brigitte Noel-Degroof. Celle-ci m’explique que « Via Maria » n’existe plus depuis bien longtemps, mais qu’il s’agissait bien d’une ASBL dépendant de l’Opus Dei. C’est son ex-époux, Marc Noel qui en était le responsable, bien que la fondatrice en fût l’archiduchesse Alexandra de Habsbourg. Elle m’explique que l’ASBL soutient des projets de l’Opus Dei au Pérou et en Equateur et que son ex-époux est d’ailleurs parti vivre en Equateur.

    Pour info, le Pérou a été choisi comme tête de pont de l’offensive de l’Opus en Amérique latine au début des années 1990 à cause du rayonnement du théologien péruvien Gustavo Guttierez, « père » de la théologie de la libération, honnie par Escriva et ses disciples. L’ex-président Alberto Fujimori (condamné à 25 ans de prison pour meurtres et violation des droits de l’homme en 2009), proche de l’Opus, est un ami de Mgr Luis Cipriani, archevêque d’Ayacucho, qui dirige l’Opus au Pérou.

    Un des objectifs de l’ASBL était de décrocher des subsides publics. Lorsque je lui demandé si elle connait Damien Vandermeersch, son visage s’assombrit et elle me dit qu’elle ne se souvient plus bien… L’ASBL « Via Maria » dépendrait finalement peut-être d’une autre ASBL : « ACTEC » à Uccle ! Pas de chance, ACTEC fait aussi partie des sociétés reprises sur la liste des ASBL de l’Opus Dei, le Soir en parle d’ailleurs dans son édition du 30 novembre 2006 et Le Monde Diplomatique dans son édition de janvier 2004 !

    Nous ne pouvons dès lors que nous interroger sur l’objectivité des instructions menées par le Juge Vandermeersch, lorsqu’on sait que les membres de l’opus doivent être totalement dévoués à la cause et que le secret est de rigueur. Autre objectif de l’Opus : avoir des membres dans un maximum de poste de pouvoir ou à responsabilité ! Damien Vandermeersch est aujourd’hui Avocat Général auprès de la Cour de Cassation…

    Les magistrats ne devraient-ils pas déclarer leur appartenance à une organisation secrète idéologique, philosophique ou sectaire au moment de leur nomination ? 


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