Article publié dans UBU-PAN le 28 07 2011

En cette période de vacances l’actualité est calme. Souvent calme ! Et pourtant, à 10 ans d’intervalle ce sont les deux plus grandes affaires criminelles belges qui occupent les colonnes de nos archives. Ce sont les deux plus grands fiascos judiciaires belges qui sont énoncés, dénoncés…

18 juillet 1991, André Cools est assassiné. Pan y consacre une demi-page. Impossible d’émettre une hypothèse, trop tôt, trop chaud… Et pourtant Alors que toute la presse pleure, se lamente, se demande qui a bien pu commettre cet acte odieux, ce sacrilège, Pan ose brosser un portrait peu reluisant de « l’Ayatollah de Flémalle ». Il identifie déjà clairement ses ennemis… au sein même de son propre parti, dans sa région liégeoise ! Il dénonce le climat de haine qui règne au PS liégeois. Aujourd’hui, et 20 ans après, les auteurs ont été arrêtés et la vérité judiciaire a été établie. Les livres d’histoire peuvent gentiment entrer dans les bibliothèques. Deux Tunisiens ont été condamnés, quelques lampistes ont servi de bouc émissaire. 20 ans après, on ne connait toujours pas les véritables commanditaires ni le mobile d’ailleurs. « Le Ministre d’Etat… d’ébriété » s’apprêtait-il à dénoncer un secret bien gardé, un scandale ? Nous ne le saurons jamais, mais la Belgique est le Pays du surréalisme, le pays de Magritte… où tout est possible, tous les mensonges, toutes les manipulations…

10 ans plus tard, Père UBU et Rudy Bogaerts en ont fait les frais. Il y a des scandales qui ne peuvent éclater au grand jour. Dans son édition du 26 juillet 2001 Père UBU s’est vu contraint de publier en (pleine) page 8 un jugement, le jugement de condamnation du journal et de Rudy pour diffamation, condamné à verser 100.000 francs belges (2500€) au Colonel Brabant, ex patron de la BSR de Bruxelles. C’est qu’elle en aura fait couler de l’encre et des larmes cette affaire. Rudy avait vu juste ! Il pointait la responsabilité de la Gendarmerie, et son service de renseignement (BCR) aux ordres de l’Otan (La Gendarmerie était militaire et en tant que 5^ème force, participant aux missions et entrainement de l’Otan). Alors que la presse se déchainait et se laissait manipuler (consciemment ou non) par… la Gendarmerie, le véritable scandale qui aurait provoqué un séisme international était quant à lui écarté… Et tous ceux qui s’en approchaient décrédibilisés, traités de fous… « On » nous a fait croire qu’il y avait un réseau pédophile tentaculaire menant jusqu’aux plus hautes personnalités de l’Etat ! Des journalistes (sélectionnés pour leur indépendance, pour leur engagement, leur pugnacité) ont été approchés par des Gendarmes (promus et récompensés aujourd’hui). On leur a donné des éléments, des Procès Verbaux (des pans entiers de dossiers), c’est donc de bonne foi qu’ils se sont engagé sur la piste des réseaux ! Il fallait à tout prix dénoncer ce scandale qu’on voulait étouffer ! Et puis dans un même temps, d’autres journalistes, loyaux et fidèles (parfois rémunérés par la Sureté de l’Etat) s’engageaient sur l’autre terrain : la piste du pervers isolé. Le décor était planté et le contre-feu allumé ! Mais qu’est ce qui pouvait bien justifier une telle mise en scène ? Qu’est ce qui pouvait bien être si grave qu’on prenne le risque de salir la réputation de quelques personnes en les « mouillant » dans un scandale pédophile (sachant qu’ils seraient blanchis à l’arrivée) ? Un scandale encore plus grave ! L’implication et la complicité de la Gendarmerie dans une affaire qui n’aurait du être qu’un fait divers si le brave Connerotte n’y avait pas fourré son nez ! En effet, avec cette affaire c’est le rôle et la mission de la Gendarmerie qui risquait d’être mis à jour. La mission première de la Gendarmerie était la récolte de l’information et le renseignement ! La Gendarmerie savait depuis le début que Julie et Melissa étaient dans la cave de Dutroux et les a délibérément laissées à sa merci en guise d’appât ! Le but étant d’identifier d’éventuels clients afin de monter des dossiers au cas où on en aurait besoin… Et voilà tout le mécanisme de renseignement des services de l’Otan qui risquait d’éclater au grand jour ! Même Nihoul (escroc notoire) a été utilisé et manipulé par les gendarmes, dont il était informateur et agent provocateur (probablement à son insu) parce qu’il était en relation avec Dutroux. Un procès a définitivement clos l’affaire, ceux qui ont tenté d’approcher la vérité furent condamnés (comme Rudy) et la Gendarmerie fut dissoute ! Circulez, y’a plus rien à voir ! Un livre en parle très bien. Il s’agit de « Tous Manipulés ? » aux éditions Bernard Gilson. Curieusement, à sa sortie, à part UBU, la presse qui se sent coupable n’a pas osé en parler, même pas pour en faire une critique négative… On a préféré le boycotter, le laisser passer sous silence !