Article sur les TBW publié dans UBU-PAN le 08 mars 2012

L’information n’a pas fait grand bruit, et pourtant il s’agit d’un fait extrêmement interpellant, voire inquiétant.

Dans l’affaire judiciaire la plus médiatisée de notre histoire judiciaire, les Tueries du Brabant (TBW), des perquisitions ont été effectuées il y a 3 semaines chez le patron de La Sûreté de l’Etat de l’époque (Albert Raes) et chez son numéro 3 qui n’était autre que notre “007”(Christian Smets).

Sans entrer dans les méandres de l’enquête, il est utile de rappeler que d’une manière générale, il n’est pas bien vu en Belgique de mettre en cause la responsabilité d’une quelconque institution dans une affaire judiciaire, aussi complexe ou odieuse soit-elle sous peine d’être systématiquement traité de parano, d’être taxé de faire du délire de complotite aigue ou même d’être prêt à incorporer l’asile psychiatrique. En Belgique il n’y a que des faits isolés, commis par des prédateurs isolés…

L’affaire des TBW ne pas fait exception à cette règle. Il suffit de voir comment l’enquête a été menée et surtout de regarder les sorties médiatiques et pathétiques du Procureur Jean Deprêtre, qui a toujours affirmé (comme s’il connaissait la vérité) que cette affaire était l’oeuvre de prédateurs non structurés et qu’il ne fallait pas chercher dans une autre direction que celle de l’acte crapuleux…

Dans ce con texte, on ne peut que s’interroger sur les raisons des perquisitions effectuées au début du mois passé chez le patron des services secrets et de son homme d’action surnommé “le Canard”… Officiellement, on ressort une vieille hypothèse basée sur la piste de l’extrême droite et d’une tentative de déstabilisation de l’Etat (la théorie du complot, en somme).

En réalité, cette “sortie” ne servira qu’à mieux “refermer” le dossier qui est à 3 ans de la prescription, après en avoir “exploité” toutes les pistes ! Tout ceci est bidon bien sûr.

27 ans après les faits, les journalistes qui maîtrisaient cette affaire sont morts ou pensionnés… Les derniers sont “loyaux” aux institutions et au système qui les nourrit… La juge d’instruction (Martine Michel) ne s’occupe du dossier que depuis 2 ans, et les deux derniers enquêteurs qui connaissaient le dossier ont quitté l’enquête…

J’ai rencontré Christian Smets, personnage étonnamment sympathique, malgré son passé et sa réputation sulfureuse. Smets aurait infiltré dans les années 80 un groupuscule néo-nazi (le WNP) et a été inquiété dans l’affaire d’un double meurtre à Anderlecht en 1982. L’affaire fut jugée en 1987 et la responsabilité de la Sûreté de l’Etat a finalement été écartée après une intervention à huis-clos de son patron Albert Raes !

Smets qui était au service action et infiltration à l’époque des tueries, Smets qui se retrouve systématiquement cité dans les grandes énigmes judiciaires ne sait rien.

Smets ne connait meme pas les noms (connus) des victimes ni les détails mediatisés de cette affaire… Alors soit il est vraiment très mauvais et très mal informé (un comble pour le responsable d’un service de renseignements), soit il en sait réellement beaucoup plus que ce qu’il veut bien en dire (et là, on se retrouverait dans la théorie du complot)… Tout ce que j’ai appris de notre entretien, c’est que les enquêteurs qui ont perquisitionné chez lui étaient jeunes, ne connaissaient rien au dossier et qu’ils cherchaient si le “Canard” avait écrit ses mémoires. Ils ont passé 6 heures à feuilleter tous les livres et BD de Smets et on “fouillé” son ordinateur sans l’emporter…

Nous devrons donc attendre 2015 et la prescription pour connaître la vérité, quand les langues se délieront sans risques…